Prends la route qui mène vers l’appartement où tu es née – à ton arrivée tu remarques la porte rouge ouverte tu montes les escaliers reconnais les pièces où tu as grandi la chambre de tes commencements tes mains allègres emballent ta raison caressent tes cheveux ton visage elles jouent comme si elles étaient des ailes légères d’oiseau voyageuses d’un instant figé sur le balcon le frimas effleure la crête des roses
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Oublie les noms des immortels qui pèsent trop lourd dans ta petite chambre efface leurs visages de marbre largue les harassements de monstres imaginés dans les livres tordus de moquerie – tu oublies que tu n’as plus toute ta tête – confectionne des personnages de jeu venus de l’espace qui se poursuivent se rencontrent à bord du vaisseau spatial forgé à même ton amnésie apprends comment jouer avec l’au-delà
Diane Régimbald, Au plus clair de la lumière, Le Noroît, 2021, p. 17 et 22.